NUAGES
Charlotte Lapalus

Amers Éditions
Janvier 2024
ISBN 9782492820045
212 x 292 mm, 42 pages, relié 

65 €

« 1802, Lombard Street, Londres: un certain Luke Howard (1772-1864) pharmacien anglais devenu météorologiste de renom, propose une nouvelle classification des nuages. Nommant trois principales catégories : cumulus, stratus, et cirrus, ainsi qu’une série d’états et de modifications intermédiaires, tels le cirrostratus ou le stratocumulus. Howard met l’accent sur la mutabilité intrinsèque des nuages, point non négligeable, et mission fondamentalement poétiqu, qui faisait défaut à la première tentative de classification effectuée plus tôt par le naturaliste français Jean-Baptsite Lamark (1744 – 1829)».

Ainsi avons-nous pensé, à la lueur de ces études picturales et météorologiques, l’ouvrage Nuages de Charlotte Lapalus qui, depuis l’Europe, le Canada ou le Sahara, enregistre continuellement des états du ciel remarquables. Ses cadrages, dépourvus de tout référent terrestre, rappellent ceux des Cloud Studies de Constable : la mer au-dessus de laquelle se forment les nuages, les montagnes dans lesquelles ils s’accrochent, ou encore les plaines qui s’assombrissent sous leur passage, disparaissent de ses photographies. L’attention est définitivement portée au motif et à la lumière: là, les filaments opalins d’un cirrus, ici les boucles sourdes et obscures d’un cumulonimbus, ou encore les masses agitées des nimbostratus qui lentement s’agrègent puis soudain s’éclairent de l’intérieur. Dans une déambulation chromatique, qui traduit leur caractère évolutif, les nuages passent du blanc au gris en virant aux roses, aux jaunes ou aux violets, selon leur altitude, le bleu du ciel, ou encore la position du soleil par rapport à l’horizon… Parfois, des éclairements particuliers comme les incendies ou les lumières des grandes villes peuvent venir interférer avec leurs couleurs naturelles.

Dans ce contexte nébuleux, les photographies de Charlotte Lapalus apparaissent comme une injonction à cultiver notre sens de l’observation, à renforcer l’attention et l’intérêt que nous portons à ces géants cotonneux. Leurs masses ici imposantes, leurs tons sourds ou incandescents hurlent le mystère, l’urgence et la poésie, triade avec laquelle il s’agit de composer lorsque l’on évoque ces ovnis scientifiques qui inlassablement se forment à la surface de l’eau et s’élèvent dans la troposphère.